En ce dimanche automnal, j’ai besoin de nature, de verdure, de m’évader un peu du paysage urbain. Pourtant, je n’ai que mon vélo, alors une journée en forêt dans le comté d’Albert ou en campagne à Pré-d’en-Haut ne sera pas possible. Plutôt que d’emprunter les sentiers habituels des parcs de la ville, j’ai l’envie de m’évader vers des horizons moins connus… J’irai au Parc écologique du Millénaire, un lieu que je connais peu.
À mi-chemin sur la butte de la rue Hillside, un chat blanc traverse rapidement la route. Il disparait dans les arbres, dans le parc. C’est là que je vais entrer, moi aussi. L’air est doux. La caresse d’une brise légère m’accueille. Les jaunes, les oranges et les rouges se glissent délicatement dans le feuillage qui m’entoure. Ce sont les préparatifs d’un au revoir spectaculaire, voire flamboyant. Pourtant, je viens d’arriver.
Un peu plus creux dans le parc, tout près du gazebo, un petit écriteau m’invite à poser une oreille contre un arbre, et ce, afin d’entendre la résonance de son corps. Je l’entends. C’est incroyable. Avec mes mains, je peux même les ressentir, ces «pulsations», cette respiration et ce battement de cœur.
Au loin, un reflet argenté attire mon regard. En me rapprochant, je perçois des milliers de clous plantés dans un tronc d’arbre. Instantanément, je veux toucher. C’est froid. C’est mort. C’est toutefois d’une très grande beauté, cet «orme orné».
Devant moi, le terrain descend plus bas. Au pied de la colline, un petit sentier de pierres me convie à traverser un couloir sinueux et vivant. Entourée de saules, j’entends le tremblement de feuilles et les gazouillements d’oiseaux. Les sons de la ville sont atténués. C’est paisible. Par contre, au bout du couloir, les dissonances du boulevard Wheeler m’interpellent à distance. Je ne suis pas prête. Je retourne sur mes pas pour me faire «absorber» par le couloir une deuxième fois.
L’air est légèrement parfumé d’une odeur sucrée… du miel? Au loin, un chapiteau blanc, un homme et un enfant. Alors que je m’approche, l’enfant m’accueille et me présente l’objet qu’il tient dans ses mains. C’est très léger. C’est fragile. Une tasse de café Tim Hortons en cire d’abeille. À nos côtés, des rangées de terre labourée se font «semer» de ces «détritus» en cire d’abeille. L’homme me parle jovialement de son projet, sa démarche et ses matériaux de travail. Fascinant. D’ailleurs, plusieurs œuvres seront en création dans le parc au cours de la semaine. Une raison de plus d’y retourner.
Œuvres croisées :
« Pulsations », Scenocosme (2016)
« Sarcophage pour un orme », Paul Griffin (2012)
« Absorption », Francine Larivée (2004)
« Les semailles de détritus », Douglas Scholes (2016)