Me voici de retour au Parc écologique du Millénaire, en espérant recroiser mon ami aux détritus en cire d’abeille et voir l’évolution de son «jardin».
Encore une fois, j’emprunte un trajet nouveau. Du haut de la butte, toujours près du gazebo, le sentier me guide cette fois-ci vers un creux tapissé de pierres grises et rugueuses. Ex abrupto, alors que je descends, l’envie de courir me prend. Comme un enfant, je cours et remonte de l’autre côté aussitôt. Beau petit moment. Une brève résurgence, une «renaissance».
Aujourd’hui, le vent est fort. Les feuilles mortes crépitent sous mes pieds. Malgré tout, le soleil brille et il y a de la vie! Au loin, des voix et des coups de marteau. À ma gauche, entre les arbustes, j’aperçois une petite silhouette, la couleur rose et un sourire. Pensive, elle se trouve à l’intérieur d’une structure, d’une petite serre. «Pourquoi appelle-t-on les samares d’érable des hélicoptères? N’étaient-elles pas là déjà, avant les hélicoptères?» Alors que j’y pense, j’aperçois derrière la jeune artiste, Camille Bernard-Gravel, un panneau accroché du plafond, couvert de petites samares luisantes, argentées. Elles dansent dans le vent qui entre par les fenêtres.
Je continue mon chemin et remarque un groupe qui se rassemble autour du chapiteau, de la «manufacture» de Douglas Scholes. Il décrit son projet, présente son équipement et démontre la fabrication d’une pièce en cire d’abeille. Dans un moule, il fait couler de la cire. Le moule est ensuite fixé sur un drôle d’objet, un dispositif mécanique. Un petit coup et, soudainement, le moule se fait tourner dans tous les sens à partir d’axes orthogonaux, produisant une force centrifuge pour la cire à l’intérieur. Le «rotocaster» en action. Le produit final? La forme d’une bouteille d’eau, vide et écrasée. Son destin? Se faire semer dans la terre parmi ses compagnons. Une nouvelle vie, une nouvelle valeur pour cette forme évoquant un objet uniservice, jetable, oubliable.
Cachés parmi les arbustes, les roches et les herbes, partout, on trouve des déchets. On s’attend à ça dans la nature urbaine, c’est presque naturel. Comme des vivaces, comme des mauvaises herbes, même s’ils se font ramasser, ils reviennent. D’ailleurs, cette idée «d’entretien cyclique» est ce qui interpelle notre artiste pour ce projet. La réparation, la restauration, le nettoyage… le désherbage. Ces petits gestes d’entretien, malgré leur nécessité, se font rarement valoriser. Tranquillement, au cours des jours qui passent, l’artiste entretient son jardin.
Œuvres croisées:
« Renaître », Bob Verschueren (2012)
« Cette vague originelle », Camille Bernard-Gravel (2016)
« Les semailles de détritus », Douglas Scholes (2016)